
L’organisation des services secrets.
Le Naicho, (Naikaku Chosashitsu Betsushitsu), en français ; le Bureau de Recherche du Cabinet, nommé aussi CIRO, est le service de renseignements central. Il fait partie du cabinet du premier Ministre à qui il rapporte des informations cruciales sur les risques internes et de la région Pacifique.
Le Security Bureau axé sur la sécurité extérieure surveille les menaces des groupuscules d’extrême droite, alimentée par la Corée du Nord. Une branche de ce bureau, la (NPA), l’Agence Nationale de la Police collecte et analyse les renseignements sur les affaires de terrorisme. Elle échange aussi avec les agences de renseignements étrangères.
En juillet 2016 sept ressortissants japonais furent assassinés au Bangladesh pour ne pas avoir récité des passages du Coran. Conscient de l’idéologie radicale des Islamistes dans le monde ; le gouvernement a espionné sa population musulmane qui représente à peu près 0,05% de sa population. Relevés bancaires, voyages, comportement au quotidien furent collectés, ainsi que la pose de caméra dans les mosquées, épiceries, commerces et restaurant halal. Ce fut un non-évènement.
La Public Security Intelligence Agency est le service du contre-espionnage qui dépend du ministère de la Justice. Collection, évaluation des données afin d’agir contre les menaces.
La Bôeichô ou l’Agence de Défense japonaise (JDA) contrôle la Force d’Auto Défense Japonaise (JSDF), dirigé par le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères, le ministre des Finances, le secrétaire Principal du cabinet, et le Président de la Commission Nationale de Sécurité Publique. Elle comprend :
- Armée de terre (GroundSelf-Defence Force) JGSDF).
- Marine (Maritime Self-Defence Force) (JMSDF).
- Armée de l’air (Air Self-Defence Force) (JASDF). Qui deviendra en 2020 l’ASSDF (Air and Space Self Defense Force). C’est une nécessité pour le pays de contrôler son espace aérien face aux tirs de missiles Coréen.
Le Bureau du Renseignement de la Défense (DIO ou Jouhou Honbu), son personnel est réparti à la JDA et au ministère des Affaires étrangères. Il collecte et analyse les renseignements dans un but stratégique militaire, mais informe le ministère des Affaires étrangères et le gouvernement. Une division nommée « Division Renseignements » est chargée du renseignement intérieur. Une autre division nommée « Division de Planification Internationale » s’occupe du renseignement extérieur.
Le Defense Intelligence Headquarters (DIH), regroupe les informations relayées par les services de renseignements de chaque armée (navale, terrestre, aérienne), et de l’Unité de Commandement du Fichier Central (Central Data Command Unit). Le DIH est constitué de cinq unités collaborant avec tous les services de renseignements militaires japonais et alliés.
- Un service administratif s’occupe de la logistique du DIH.
- La « Planning Division » probablement en charge des missions HUMINT[1]
- La Division Imagerie, chargée d’analyser des données satellitaires ou aériennes des différents producteurs et collecteurs de renseignements alliés.
- La Division SIGINT[2] qui est la plus importante de la DIH, possède plusieurs installations de réception et d’analyse des signaux, et collabore activement à l’alliance UKUSA[3], comme dans le cadre de la base américano-Japonaise de Misawa.
- La Division Analyse, composée d’experts et de consultants dans tous les domaines relatifs au renseignement.
La JGSDF possède son propre service de renseignements rattaché au DIH, et composé principalement de la Division d’Investigation Nibetsu, du 101e Bataillon d’Enquête (101st Survey Battalion), et coopère avec la Division de Planification Internationale du DIO.
La JMSDF possède également son service de renseignements rattaché lui aussi au DIH, nommé JMSDF Fleet Intelligence Command, plusieurs bases de ce service sont réparties dans tout le Japon, mais le quartier général est abrité par le Command Fleet Activities of Yokosuka, de l’US Navy, sur la base navale de Yokosuka, (vous la trouverez sur FB).
Rattaché au DIH, nommé JASDF Intelligence Division, spécialisé dans la collecte et l’analyse de données satellitaires et aériennes. Une unité de reconnaissance aérienne, nommée Tactical Reconnaissance Group, lui est rattachée.
Le Chobetsu est un service de renseignements militaire qui intercepte les signaux du pays lui-même, de l’Asie Orientale et de la Corée du Nord.
Le MOFA, Ministère des Affaires étrangères, est chargé de collecter et d’analyser des informations sur les différents acteurs de la scène politique mondiale, afin d’aider à la mise en place de la politique diplomatique japonaise.
Le gouvernement veut jouer la transparence sur le contrôle de la sécurité et de l’information avec un grand I. Ce dernier change souvent le nom de ses agences pour brouiller les pistes surtout vis-à-vis des pacifistes qui sont très populaires.
En 2015, le pays du « soleil levant » promulgue une loi fondamentale sur la cybersécurité et crée un quartier général stratégique pour la cybersécurité relevant du Cabinet du Premier ministre. Le secrétariat de ce quartier général est assuré par le NISC (National center of Incident readiness and Strategy for Cybersecurity).
C’est compréhensible, le gouvernement a pris conscience du retard du Japon en matière de cybersécurité et élaboré une stratégie nationale.
Le contexte géopolitique est marqué par des tensions avec la Corée du Nord et du Sud, et bien sûr de la Chine, sans évoquer la présence de moins en moins appréciée de l’armée Américaine sur l’île d’Okinawa. Ses avancées technologiques attirent les convoitises par le biais de cyberattaques très élaborées provenant de pays étrangers. En 2010 une série de cyberattaques ont ciblé des informations sensibles à tous les niveaux.Ce n’est pas probablement pour rien que la société américaine de Big Data, Palentir a injecté en novembre dernier, 68 millions d’euros dans la création d’une coentreprise avec l’assureur nippon Sompo. Cette nouvelle entité travaillera dans le domaine de la santé et de la cybersécurité. Palentir, pépite de la Silicon Valley tient une réputation controversée, à cause des logiciels créés pour la CIA et qui est présente dans son capital. Pour les Japonais, ce n’est “nippon ni mauvais“ semble-t-il !
En mai 2019 le Japon avec le sacre du nouvel empereur Naruhito est rentré dans une nouvelle ère impériale, le Reiwa, ce qui signifie, la paix, l’ordre et l’harmonie.
« Si vis pacem parabellum » Qui veut la paix prépare la guerre. C’est exactement la situation « pays du soleil levant » Deux nouveaux porte-avions sont en construction et il est aussi capable de se doter d’un armement nucléaire. Les États-Unis ne protestent pas à ce sujet, n’interdisent rien. Conscient qu’en cas de conflit avec la Chine, il sera nécessaire pour le Japon de se défendre ou d’utiliser cette arme dissuasive pour calmer les provocations Chinoises et Coréennes. Aussi, cela éviterait au gouvernement américain en cas de conflit, d’intervenir directement et qui préférerait rester en retrait face à la Chine.
Conclusion.
Le Japon emmailloté par un problème juridique international créé par les Américains pourrait instaurer une réforme constitutionnelle. En faisant preuve de pragmatisme, le gouvernement, face à une agression directe, menacerait l’équilibre de la paix si fragile dans cette région, à tout moment. Les services secrets japonais sont parmi les meilleurs du monde, mais ils doivent s’adapter en fonction des problèmes actuels dus à l’évolution des pouvoirs politiques et des nombreuses menaces.
[1] HUMINT : mission de renseignements humains.
[2] SIGINT : « signal intelligence » des informations de caractère technique ayant trait au service d’informations qui sont obtenues par des signaux notamment des télécommunications sans que le destinataire de l’information soit impliqué.
[3] UKUSA : alliance des services dans la coopération de la collecte de renseignements électromagnétique de l’Australie, le Canada, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni.